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pâturages ; marchant un jour et se reposant cinq ou six. Les uns vont ainsi jusqu’à Bassora et Bagdad, les autres jusqu’à Chatt-el-Arab, où se réunissent le Tigre et l’Euphrate. Au mois de février ils commencent à revenir vers la Syrie, et à la fin d’avril on les aperçoit dans les déserts de Damas et d’Alep. Naufal nous donna tous ces renseignements, et nous dit que les Bédouins faisaient un grand usage de pelisses semblables aux nôtres, de machlas noirs, et surtout de cafiés. En conséquence, M. Lascaris me fit acheter vingt pelisses, dix machlas et cinquante cafiés, dont je fis un ballot. Cet achat montait à douze cents piastres.

Naufal nous ayant proposé d’aller visiter la citadelle, la crainte d’une aventure comme celle de Hama nous fit d’abord hésiter ; mais, sur l’assurance qu’il ne nous arriverait rien de fâcheux et qu’il répondrait de nous, nous acceptâmes, et fûmes avec lui voir ces ruines, situées sur le sommet d’une petite colline, au milieu de la ville. Ce château est mieux conservé que celui de Hama. Nous y remarquâmes une grotte cachée et profonde, de laquelle sortait une source abondante ; l’eau s’échappe par une ouverture de quatre pieds sur deux, et se précipite à travers des barreaux de fer par une seconde ouverture. Elle est excellente. On nous conta une vieille tradition qui dit qu’une fois, le passage des eaux ayant été bouché, il arriva, six mois après, une députation de Perse qui, moyennant une forte somme donnée au gouvernement, obtint que l’ouverture serait débouchée, et ne pourrait plus être obstruée à l’avenir. Maintenant l’entrée de cette grotte est défendue, et il est fort difficile d’y pénétrer.