Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/137

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glant ; mais, trop inférieurs en nombre pour vaincre, et ne voulant à aucun prix subir de nouveau la tyrannie des Grecs, ils entrèrent en négociation, et obtinrent la permission de bâtir un village sur le lieu même du combat, s’engageant à rester tributaires du gouverneur de Tripoli. Ils s’établirent donc dans cet endroit qui est à l’entrée du désert, et appelèrent leur village Saddad (obstacle). — Voilà tout ce que la chronique syriaque renferme de remarquable.

Les habitants de Saddad sont braves et d’un caractère doux. Nous déballâmes nos marchandises et passâmes quelques jours avec eux, pour prouver que nous étions véritablement des négociants. Les femmes nous achetèrent beaucoup de toile de coton rouge pour faire des chemises. La vente ne nous occupa pas longtemps ; mais nous fûmes obligés d’attendre l’arrivée des Bédouins dans les environs. Un jour, ayant appris qu’il existait, à quatre heures du village, une ruine considérable et fort ancienne, dans laquelle se trouvait un bain de vapeur naturelle, cette merveille excita notre curiosité ; et M. Lascaris, voulant la visiter, pria le scheik de nous donner une escorte.

Ayant marché quatre heures vers le sud-est, nous arrivâmes au milieu d’une grande ruine, où il n’existe plus qu’une seule chambre habitable. L’architecture en est simple ; mais les pierres sont d’une grosseur prodigieuse. En entrant dans cette chambre, nous aperçûmes une ouverture de deux pieds carrés, d’où sortait une épaisse vapeur ; nous y jetâmes un mouchoir, et dans une minute et demie, montre en main, il ressortit et vint tomber à nos