Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nent de temps à autre les ravager. Au centre de ces villages se trouve une tour élevée, de construction ancienne. Les habitants, tous musulmans, parlent le langage des Bédouins et s’habillent comme eux.

Après avoir déjeuné et rempli nos outres, nous continuâmes notre marche pendant six heures, et vers la nuit nous arrivâmes à Coriétain, chez le curé Moussi, qui nous offrit l’hospitalité ; le lendemain, il nous conduisit chez le scheik Selim-el-Dahasse, homme distingué, qui nous fit un excellent accueil. Ayant appris le motif de notre voyage, il nous fit les mêmes observations que le scheik de Saddad. Nous lui répondîmes que, connaissant toute la difficulté de notre entreprise, nous avions renoncé à nous avancer dans le désert, nous contentant d’aller jusqu’à Palmyre vendre nos marchandises. « Cela est encore trop difficile, reprit-il, car les Bédouins peuvent vous rencontrer et vous piller. » Alors il se mit à son tour à nous raconter mille choses effrayantes des Bédouins. Le curé confirmant ce qu’il disait, nous étions sur le point de nous décourager, lorsqu’on servit le déjeuner ; ce qui détourna un peu la conversation et nous donna le temps de nous remettre.

Le scheik Selim est un de ceux qui sont tenus de fournir aux besoins de la grande caravane de la Mecque, de concert avec le scheik de Palmyre : ses fonctions lui donnent de l’influence parmi les Arabes ; son contingent consiste en deux cents chameaux et des provisions de bouche. De retour chez nous, Scheik-Ibrahim m’adressant la parole : « Eh bien ! mon cher fils, que pensez-vous de tout ce que vient de nous dire le scheik Selim ? — Il ne faut pas, lui dis-je,