Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/153

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tout entière. Nous y trouvâmes beaucoup d’alun ; la voûte et les parois du rocher étaient couvertes de soufre, et le terrain rempli de nitre. Nous remarquâmes une espèce de terre rougeâtre, très-fine, qui a un goût acide ; Scheik-Ibrahim en mit une poignée dans son mouchoir. Cette grotte est parsemée de cavités taillées au ciseau, dont on a anciennement retiré des métaux. Nos guides nous racontèrent que plusieurs personnes, s’étant égarées, y avaient péri. Un homme y était resté deux jours, en cherchant en vain l’issue, lorsqu’il aperçut un loup ; il lui jeta des pierres, et, l’ayant mis en fuite, il le suivit, et parvint de la sorte à l’ouverture.

Mon paquet de ficelle se trouvant au bout, nous ne voulûmes pas aller plus loin, et revînmes sur nos pas. L’attrait de la curiosité nous avait sans doute aplani le chemin, car nous eûmes une peine infinie à regagner l’entrée. Dès que nous fûmes sortis, nous nous hâtâmes de déjeuner, et reprîmes ensuite le chemin de Palmyre. Le scheik, qui nous attendait, nous demanda ce que nous avions gagné à notre course. « Nous avons reconnu, lui dis-je, que les anciens étaient bien plus habiles que nous ; car on voit par leurs travaux qu’ils entraient et sortaient avec facilité, et nous avons eu bien de la peine à nous en tirer. »

Il se mit à rire, et nous le quittâmes pour aller nous reposer. Le soir, Scheik-Ibrahim trouva le mouchoir dans lequel il avait mis de la terre rouge tout troué et comme pourri ; la terre était répandue dans sa poche ; il la mit dans une bouteille[1], et me dit que probablement les anciens avaient

  1. Cette bouteille a été prise avec le reste en Égypte.