Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nus, et je vous promets qu’il ne vous arrivera rien que la pluie qui tombe du ciel. » Nous lui fîmes beaucoup de remercîments, en lui disant : « Puisque nous avons eu l’avantage de faire votre connaissance et que vous voulez bien être notre protecteur, il faut que vous nous fassiez l’honneur de manger avec nous. »

Les Arabes en général, et particulièrement les Bédouins, regardent comme un engagement de fidélité inviolable d’avoir mangé avec quelqu’un, seulement même d’avoir rompu le pain avec lui. Nous l’invitâmes donc avec toute sa suite, ainsi que le scheík ; nous fîmes tuer un mouton, et notre dîner, préparé à la manière des Bédouins, leur parut fort bon. Au dessert, nous leur présentâmes des figues, des raisins secs, des amandes et des noix, ce qui fut pour eux un grand régal. Après le café, comme on vint à parler de diverses choses, nous racontâmes à Nasser notre aventure avec les six cavaliers de sa tribu. Il voulait les punir, et nous faire restituer nos effets et notre argent. Nous le conjurâmes instamment de n’en rien faire, l’assurant que nous ne tenions nullement à ce que nous avions donné. Nous aurions voulu partir avec lui le lendemain ; mais il nous engagea à attendre l’arrivée de son père, qui était encore avec sa tribu à huit jours de distance. Il promit de nous envoyer une escorte et des chameaux pour porter nos marchandises. Pour plus de sûreté, nous le priâmes de nous faire écrire par son père ; il s’y engagea.

Le surlendemain, arriva à Palmyre un Bédouin de la tribu El-Hassnné, nommé Bani ; et quelques heures après, sept autres Bédouins de la tribu El-Daffir, qui est en guerre