Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/157

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Huit jours après, trois hommes vinrent nous trouver de la part de Mehanna-el-Fadel ; ils venaient nous chercher avec des chameaux. Ils nous remirent une lettre de lui ; en voici le contenu :

« Mehanna-el-Fadel, fils de Melkhgem, à Scheik-Ibrahim et à Abdalla-el-Kratib, salut. Que la miséricorde de Dieu soit sur vous ! À l’arrivée de notre fils Nasser, nous avons été instruit du désir que vous avez de nous visiter : soyez les bienvenus, vous répandrez la bénédiction sur nous. Ne craignez rien, vous avez la protection de Dieu et la parole de Mehanna ; rien ne vous touchera que la pluie du ciel.

» Signé Mehanna-el-Fadel. »

Un cachet était apposé à côté de sa signature. Cette lettre fit le plus grand plaisir à Scheik-Ibrahim : nos préparatifs furent bientôt terminés, et le lendemain de très-bonne heure nous étions hors de Palmyre. Arrivés dans un village qu’arrose une source abondante, nous y remplîmes nos outres pour le reste de la route. Ce village, appelé Arak, est à quatre heures de Palmyre ; nous rencontrions un grand nombre de Bédouins qui, après avoir questionné nos conducteurs, continuaient leur chemin. Après dix heures de marche, la plaine nous apparut couverte de quinze cents tentes ; c’était la tribu de Mehanna. Nous entrâmes dans la tente de l’émir, qui nous fit servir du café à trois reprises différentes, ce qui, chez les Bédouins, est la plus grande preuve de considération. Après la troisième tasse on servit le souper, qu’il nous fallut manger à la turque ; c’était la