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désert, avec le titre de prince des Bédouins. Ce message le combla de joie, et il partit aussitôt pour Damas, accompagné de dix cavaliers.

Mehanna ayant ordonné le départ de la tribu, le lendemain au lever du soleil on ne vit plus une seule tente dressée ; toutes étaient pliées et chargées, et le départ commença dans le plus grand ordre. Une vingtaine de cavaliers choisis formaient l’avant-garde et servaient d’éclaireurs. Venaient ensuite les chameaux sans charges et les troupeaux, puis les hommes armés, montés sur des chevaux ou des chameaux ; après eux, les femmes ; celles des chefs portées dans des haudags[1] placés sur le dos des plus grands chameaux. Ces haudags sont très-riches, soigneusement doublés, couverts en drap écarlate, et ornés de franges de diverses couleurs ; ils contiennent commodément deux femmes, ou une femme et plusieurs enfants. Les femmes et les enfants de rang inférieur suivent immédiatement, assis sur des rouleaux de toile de tente, arrangés en forme de siége, et placés sur des chameaux. Les chameaux de charge, portant les bagages et les provisions, sont derrière. La marche était fermée par l’émir Mehanna, monté sur un dromadaire à cause de son grand âge, et entouré de ses esclaves, du reste des guerriers et de ses serviteurs, qui marchaient à pied. On ne saurait trop admirer la célérité et l’ordre avec lesquels s’effectue ainsi le départ de huit à neuf mille personnes. Scheik-Ibrahim et moi étions à cheval, tantôt en avant, tantôt au centre, ou près de Mehanna.

Nous marchâmes dix heures de suite. Tout à coup, sur

  1. Sorte de palanquins.