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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/194

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ment, le cinquième jour, les bergers accoururent en criant que les Turcs, conduits par Nasser, s’étaient emparés des troupeaux. Aussitôt tous nos guerriers s’élancent à leur poursuite, les atteignent, et leur livrent un combat plus terrible que le premier, pendant lequel l’ennemi fit filer une grande partie de nos bestiaux vers son camp. L’avantage resta aux nôtres, qui rapportèrent de nombreuses dépouilles des Turcs ; mais la perte de nos troupeaux était considérable. Nous n’avions à regretter que douze hommes ; parmi eux se trouvait le neveu du drayhy, Ali, dont la mort fut universellement pleurée. Son oncle resta trois jours sans manger, et jura, par le Dieu tout-puissant, qu’il tuerait Nasser, pour venger la mort d’Ali.

Les attaques se multipliaient tous les jours ; les Osmanlis de Damas, Homs et Hama, étaient dans la consternation, et cherchaient à rassembler tous les Arabes du Horan et de l’Idumée. Plusieurs tribus du désert arrivèrent, les unes pour renforcer le drayhy, les autres Mehanna. Aucune caravane ne pouvait passer d’une ville à l’autre ; les avantages étaient presque tous du côté du drayhy. Un jour, par une coïncidence singulière, Farès nous enleva cent vingt chameaux qui paissaient à deux lieues des tentes, pendant que, dans le même moment, Zaher s’emparait du même nombre des leurs. Cette expédition simultanée fut cause que ni l’un ni l’autre ne fut poursuivi. Ils eurent ainsi le temps d’emmener leur capture. Mais cette guerre de représailles de butin et de troupeaux devait bientôt prendre un caractère de férocité et d’extermination. Le signal en fut donné par les Turcs Dallatis, sous la conduite de Nasser, qui, ayant pris à la tribu Beni-Kraleb deux femmes et une fille, les