Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/200

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peaux. Absi persuada aux chefs du village de venir avec lui à Damas déclarer aux capidji-bashi que deux espions francs s’étaient emparés de la confiance du drayhy, lui faisaient commettre toutes sortes d’injustices, et cherchaient à détourner les Bédouins de leur alliance avec les Osmanlis. Cette dénonciation fut portée au vizir Soliman-Pacha, qui envoya un chokredar au drayhy, avec une lettre menaçante, finissant par lui ordonner de livrer les deux infidèles à cet officier, qui les emmènerait enchaînés à Damas, où leur exécution publique servirait d’exemple.

Le drayhy, furieux de l’insolence de cette lettre, dit à l’officier musulman : « Par Celui qui a élevé le ciel et abaissé la terre, si vous n’étiez pas sous ma tente, je vous couperais la tête, et je l’attacherais à la queue de mon cheval : c’est ainsi qu’il porterait ma réponse à votre vizir. Quant aux étrangers qui sont chez moi, je ne les livrerai qu’après ma mort. S’il les veut, qu’il vienne les prendre par la force de son sabre. »

Je pris alors le drayhy à part, et l’engageai à se calmer et à me laisser arranger l’affaire.

Je savais que M. Lascaris était lié d’amitié avec Soliman-Pacha, et qu’une lettre de lui aurait un effet auquel le drayhy ne s’attendait guère. M. Lascaris, pendant qu’il était avec l’expédition française en Égypte, avait épousé une Géorgienne, amenée par les femmes de Murad-Bey, qui se trouva être cousine de Soliman-Pacha. Par la suite, il eut occasion d’aller à Acre ; sa femme se fit reconnaître