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que sa femme, madame Lascaris, qui était restée à Acre. Cette invitation le contraria d’autant plus, que depuis trois ans il avait évité de donner de ses nouvelles à sa femme, pour laisser ignorer le lieu de son séjour et son intimité avec les Bédouins ; il fallait pourtant répondre à lady Stanhope. Il lui écrivit qu’il aurait l’honneur de se rendre chez elle aussitôt que les circonstances le lui permettraient, et en même temps dépêcha un courrier à sa femme, en lui disant de refuser l’invitation pour sa part ; mais il était trop tard. Inquiète sur l’existence de son mari, madame Lascaris s’était rendue immédiatement à Hama, chez lady Stanhope, espérant par elle découvrir ses traces. M. Lascaris se vit ainsi forcé d’aller la rejoindre.

Sur ces entrefaites, Mehanna s’approchait de plus en plus, se croyant sûr de la coopération des Osmanlis. Le drayhy, jugeant alors que l’instant était venu de produire le bouyourdi du pacha, envoya son fils Saher à Homs et à Hama, où il fut reçu avec les plus grands honneurs. À la vue de l’ordre dont il était porteur, les deux gouverneurs mirent leurs troupes à sa disposition, déclarant Mehanna traître, pour avoir appelé les Wahabis, les ennemis les plus acharnés des Turcs.

Lady Esther Stanhope ayant invité Saher à venir chez elle, le combla de présents, tant pour lui que pour sa femme et sa mère, donna un machlas et des bottes à chaque cavalier de sa suite, et annonça le projet d’aller sous peu visiter sa tribu. M. Lascaris ne se tira pas aussi agréablement de son séjour auprès d’elle. Lady Stanhope, par des questions adroites, ayant vainement essayé d’obtenir de lui quelques