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quatre autres tribus alliées demander protection au drayhy, dont la puissance n’avait désormais plus de rival. Cinq cent mille Bédouins, ralliés à notre cause, ne formaient qu’un seul camp, et couvraient la Mésopotamie comme une nuée de sauterelles.

Pendant que nous étions aux environs de Bagdad, une autre caravane venant d’Alep fut dépouillée par nos alliés. Elle était chargée de produits des manufactures d’Europe : des draps, des velours, des satins, de l’ambre, du corail, etc. Bien que le drayhy ne prît aucune part à cette spoliation, elle était trop dans les mœurs des Bédouins pour qu’il songeât à s’y opposer. — Le pacha de Bagdad demanda satisfaction, mais n’en obtint pas ; et, voyant qu’il lui faudrait une armée de cinquante mille hommes au moins pour se faire justice, il renonça à ses prétentions, heureux de rester ami des Bédouins à tout prix.

Scheik-Ibrahim voyait ainsi se réaliser ses espérances au delà même de ses plus brillantes prévisions ; mais tant qu’il restait quelque chose à faire, il ne voulait prendre aucun repos. Ainsi, ayant traversé le Tigre à Abou-el-Ali, nous continuâmes notre marche et entrâmes en Perse. Là encore la réputation du drayhy l’avait précédé ; et des tribus du pays venaient continuellement fraterniser avec nous ; mais dans notre vaste plan ce n’était pas assez de ces alliances partielles, il fallait encore s’assurer de la coopération du grand prince chef de toutes les tribus persanes, l’émir Sahid-el-Bokhrari, qui commande jusqu’aux frontières de l’Inde. La famille de ce prince est, depuis plusieurs siècles, souveraine des tribus errantes de Perse, et prétend des-