Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/306

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jours avant de pouvoir trouver l’occasion de m’embarquer, et lorsque j’arrivai à Alexandrie, M. Drovetti était parti pour la haute Égypte ; je l’y suivis, et le rejoignis à Asscout. Il m’apprit que, M. Lascaris étant arrivé en Égypte avec un passe-port anglais, M. Salt, consul d’Angleterre, s’était emparé de tous ses effets. Il m’engagea à m’adresser à lui pour être payé des appointements (cinq cents talaris par an) qui m’étaient dus depuis six ans environ, et me recommanda surtout d’insister fortement pour obtenir le manuscrit du voyage de M. Lascaris, document d’une haute importance.

Je retournai immédiatement au Caire ; M. Salt me reçut très-froidement, et me dit que, M. Lascaris étant mort sous protection anglaise, il avait envoyé ses effets et ses papiers en Angleterre. Toutes mes démarches furent inutiles. Je restai longtemps au Caire, dans l’espoir de me faire payer de mes appointements, et d’obtenir les papiers de M. Lascaris. À la fin M. Salt menaça de me faire arrêter par les autorités égyptiennes ; et ce fut grâce à la généreuse protection de M. Drovetti que j’échappai à ce péril. Enfin, las de cette lutte infructueuse, je quittai l’Égypte, et revins à Latakieh auprès de ma famille, plus malheureux et moins riche que lorsque je l’avais quittée en partant d’Alep pour la première fois.