Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de second « L’homme doit fuir les lieux où règne la barbarie. »

Zaher s’étant mis en route, alla jusqu’à la tribu de Beni-Assac, où il fut recu à merveille et choisi pour chef. Zaher reconnaissant s’y fixa. Quelque temps après, il eut une fille nommée Djida, qu’il fit passer pour un garçon, et qui grandit sous le nom de Giaudar. Son père la faisait monter à cheval avec lui, l’exerçait aux combats, et développait ainsi ses dispositions naturelles et son courage. Un savant de la tribu lui enseignait l’art de lire et d’écrire, dans lequel elle fit de rapides progrès ; c’était une perfection, car elle joignait à toutes ces qualités une admirable beauté. Aussi disait-on de toute part : « Heureuse la femme qui épousera l’émir Giaudar ! »

Son père étant tombé dangereusement malade, et se croyant près de mourir, fit appeler sa femme, et lui dit : — « Je vous en conjure, après ma mort ne contractez pas un nouveau mariage qui vous séparerait de votre fille ; mais faites en sorte qu’elle continue de passer pour un homme. Si, après moi, vous ne jouissez pas ici de la même considération, retournez chez mon frère : il vous recevra bien, j’en suis sûr. Conservez avec soin vos richesses. L’argent vous fera considérer partout. Soyez généreuse et affable, vous en serez récompensée. Enfin, agissez toujours comme vous le faites présentement. »

Après quelques jours de maladie, Zaher se rétablit ; Giaudar continua ses excursions guerrières, et fit preuve de tant de valeur en toute circonstance, qu’il était passé en