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tar, sans perdre de temps, se précipita sur elle, abattit son cheval d’un coup de sabre, et la frappa elle-même si violemment à la tête, qu’elle en perdit connaissance. Il la quitta pour se mettre à la poursuite de ses compagnons, en tua douze en peu de temps, et mit les autres en fuite. Chaiboud, qui les attendait au passage, en abattit six à coups de flèche, et Antar, accourant à son aide, se défit des deux autres. Il dit alors à son frère de courir promptement lier Djida avant qu’elle reprît ses sens, et d’emmener pour elle un des chevaux des cavaliers qu’ils venaient de tuer. Mais Djida, après être restée une heure sans connaissance, était revenue à elle, et, trouvant un cheval abandonné, s’en était emparée. Avertie par la voix d’Antar, elle tira son sabre et lui dit : « Ne vous flattez pas, fils de race maudite, de voir Djida tomber en votre pouvoir. Je suis ici pour vous faire mordre la poussière ; et jamais vous ne m’auriez vue à terre, si vous n’aviez pas eu le bonheur de tuer mon cheval. »

À ces mots, elle se précipita sur Antar avec la fureur d’une lionne qui a perdu ses petits. Celui-ci soutint bravement le choc, et un combat des plus terribles s’engagea entre eux. Il dura trois heures entières, sans avantage marqué d’aucun côté. Tous deux étaient accablés de fatigue. Chaiboud veillait de loin à ce qu’aucun secours ne pût arriver à Djida, qui, bien qu’affaiblie par sa chute et blessée en plusieurs endroits, faisait cependant une résistance opiniâtre, espérant en vain être secourue. Enfin, Antar, se précipitant sur elle, la saisit à la gorge et lui fit perdre de nouveau connaissance. Il en profita pour la désarmer et lui lier les bras. Alors Chaiboud engagea son frère à partir avant que les événements de la nuit parvinssent à la con-