Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/382

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deux convinrent que les chevaux seraient dressés pendant quarante jours, que la course aurait lieu près du lac de Zatalirsad, et que le cheval qui arriverait le premier au but gagnerait. Toutes les conditions étant réglées, Cais retourna à ses tentes.

Cependant un des cavaliers de la tribu de Fazarah dit à ses voisins : « Parents, soyez assurés que des dissensions s’élèveront entre la tribu d’Abs et celle de Fazarah, à propos de la course de Dahis et de Ghabra. Les deux tribus, soyez-en certains, seront désunies, car le roi Cais a été là en personne : or, il est prince et fils de prince. Il a fait tous ses efforts pour annuler le pari, ce à quoi Hadifah n’a pas voulu consentir. Tout cela est une affaire dont il suivra une guerre qui peut durer cinquante ans, et il y en aura plus d’un qui périra dans les combats. » Hadifah, ayant entendu ces prédictions, dit : « Je m’embarrasse fort peu de tout cela, et je méprise cet avis. — Ô Hadifah, s’écria Ayas, je vais vous apprendre quel sera le résultat de tout ceci et de votre obstination envers Cais. Il lui parla ainsi en vers :

« En toi, ô Hadifah, il n’y a pas de beauté ; et dans la pureté de Cais il n’y a point de tache. Combien son avis était sincère et honnête ! mais il a en partage l’à-propos et les convenances. Parie avec un homme qui n’ait pas même un âne en sa possession, et dont le père n’ait jamais acheté un cheval. Laisse là Cais ; il a des richesses, des terres, des chevaux, un caractère fier ; et ce Dahis enfin, qui est toujours le premier le jour de la course, soit qu’il s’élance ou qu’il soit en repos, ce Dahis, animal dont