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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/128

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cision dans tous les sacriléges, où l’on semble vénérer encore ce que l’on est prêt à profaner. La municipalité de Varennes et M. Sausse, croyant sauver la nation, étaient bien loin de vouloir offenser le roi prisonnier. Ils le gardaient autant comme leur souverain que comme leur captif. Ces nuances n’échappaient pas au roi ; il se flattait qu’aux premières sommations de M. de Bouillé le respect prévaudrait sur le patriotisme, et qu’on le mettrait en liberté. Il avait parlé dans ce sens à ses officiers.

L’un d’eux, M. Deslons, qui commandait l’escadron de hussards posté à Dun, entre Varennes et Stenay, avait été informé de l’arrestation du roi, à trois heures du matin, par le commandant du détachement de Varennes, échappé de cette ville. M. Deslons, sans attendre les ordres de son général, et les préjugeant avec bon sens et énergie, avait fait monter ses hussards à cheval et s’était porté au galop sur Varennes, pour y enlever le roi de vive force. Arrivé aux portes de cette ville, il avait trouvé ces portes barricadées et défendues par des masses nombreuses de gardes nationales. On avait refusé l’accès de Varennes à ses hussards. M. Deslons, laissant son escadron dehors et descendant de cheval, avait demandé à être introduit de sa personne auprès du roi. On y avait consenti. Son but était d’abord d’informer ce prince que M. de Bouillé était prévenu et allait marcher à la tête du régiment Royal-Allemand. Il en avait un autre : c’était de s’assurer par ses propres yeux s’il était impossible à son escadron de forcer les obstacles, de parvenir jusqu’à la ville haute et d’enlever le roi. Les barricades lui parurent infranchissables à la cavalerie. Il entra chez le roi. Il lui demanda ses ordres : « Dites à M. de Bouillé, lui répondit le roi, que je suis prisonnier et ne puis