demie aux portes de Stenay, quand les deux officiers qu’il avait placés la veille à Varennes, et le commandant de l’escadron abandonné par ses troupes, le rejoignirent et lui apprirent que le roi était arrêté depuis onze heures du soir. Frappé de stupeur, étonné d’être averti si tard, il donne l’ordre à l’instant au régiment Royal-Allemand, qui était dans Stenay, de monter à cheval et de le suivre. Le colonel du régiment avait reçu la veille l’ordre de tenir les chevaux sellés. Cet ordre n’avait pas été exécuté. Le régiment perdit trois quarts d’heure à se préparer, malgré les messages réitérés de M. de Bouillé, qui envoya son propre fils aux casernes. Le général ne pouvait rien sans ce régiment. Dès qu’il fut en bataille hors de la ville, M. de Bouillé l’aborda avec franchise et voulut sonder lui-même ses dispositions. « Votre roi, qui venait se jeter dans vos bras, est à quelques lieues de vous, leur dit-il ; le peuple de Varennes l’a arrêté. Le laisserez-vous insulté et captif entre les mains des municipaux ? Voici ses ordres, il vous attend, il compte les minutes. Marchons à Varennes ! Courons le délivrer et le rendre à la nation et à la liberté ! Je marche avec vous, suivez-moi ! » Les plus vives acclamations accueillirent ces paroles. M. de Bouillé distribua cinq cents ou six cents louis aux cavaliers, et le régiment se mit en mouvement.
De Stenay à Varennes il y a neuf lieues par un chemin montagneux et difficile. M. de Bouillé fit toute la diligence possible. À peu de distance de Varennes il rencontra un premier détachement de Royal-Allemand arrêté à l’entrée d’un bois par des gardes nationaux qui tiraient sur les soldats. Il fit charger ces tirailleurs ; et, prenant lui-même le commandement de cette avant-garde, il arriva à neuf