suis, dit-il, un ancien dragon au régiment de Condé ; mon camarade Guillaume est un ancien dragon de la reine. Le 21, à sept heures et demie du soir, deux voitures et onze chevaux relayèrent à Sainte-Menehould. Je reconnus la reine et le roi. Je craignis de me tromper. Je résolus de m’assurer de la vérité en devançant les voitures à Varennes par un chemin de traverse. J’arrivai à Varennes à onze heures. Il faisait noir, tout dormait. Les voitures arrivèrent et furent retardées par une dispute entre les courriers et les postillons, qui refusaient d’aller plus loin. Je dis à mon camarade : « Guillaume, es-tu bon patriote ? — N’en doute pas, répondit Guillaume. — Eh bien ! le roi est ici : arrêtons-le. » Nous renversâmes une voiture chargée de meubles sous la voûte du pont ; nous rassemblâmes huit hommes de bonne volonté, et, quand la voiture parut, nous demandâmes les passe-ports. « Nous sommes pressés, messieurs ! » nous dit la reine. Nous insistâmes. Nous fîmes descendre les voyageurs dans la maison du procureur de la commune. Alors, de lui-même, Louis XVI nous dit : « Voilà votre roi ! voilà votre reine ! voilà mes enfants ! Traitez-nous avec les égards que les Français ont toujours eus pour leurs souverains. » Mais nous le constituâmes prisonnier. Les gardes nationaux accoururent. Les hussards passèrent à nous ; et, après avoir fait notre devoir, nous retournâmes chez nous au milieu des félicitations de nos concitoyens. Nous venons aujourd’hui déposer dans l’Assemblée nationale l’hommage de nos services. »
Drouet et Guillaume furent couverts d’applaudissements.
L’Assemblée décréta qu’aussitôt après l’arrivée de Louis XVI aux Tuileries il lui serait donné une garde, qui, sous les ordres de M. de La Fayette, répondrait de sa per-