triote bien franc. Soit ambition, soit bassesse, il a trahi jusqu’ici les devoirs d’un bon citoyen. Pourquoi abandonne-t-il si tard ce général tartufe ? Pauvre Brissot, te voilà victime de la perfidie d’un valet de cour, d’un lâche hypocrite ! Pourquoi as-tu prêté la patte à La Fayette ? Que veux-tu ? tu éprouves le sort des hommes à caractère indécis. Tu as déplu à tout le monde. Tu ne perceras jamais. S’il te reste quelque sentiment de dignité, hâte-toi d’effacer ton nom de la liste des candidats à la prochaine législature. » Ainsi apparaissait pour la première fois sur la scène, au milieu des huées des deux partis, cet homme qui s’efforçait en vain d’échapper au mépris amassé sur son nom par les fautes de sa jeunesse, pour entrer dans l’austérité de son rôle politique, homme mixte, moitié d’intrigue, moitié de vertu. Brissot, destiné à servir de centre de ralliement au parti de la Gironde, portait d’avance dans son caractère tout ce qu’il y eut, plus tard, dans les destinées de son parti, de l’intrigue et du patriotisme, du factieux et du martyr. Les autres candidats marqués de Paris étaient Pastoret, homme du Midi, prudent et habile comme un homme du Nord, se ménageant entre les partis, donnant assez de gages à la Révolution pour être accepté par elle, assez de dévouement à la cour pour garder sa confiance secrète, porté çà et là par la faveur alternative des deux opinions, comme un homme qui cherchait la fortune par son talent dans la Révolution, mais ne la cherchant jamais hors du juste et de l’honnête ; Lacépède, Cérutti, Hérault de Séchelles, Gouvion, aide de camp de La Fayette. Les élections de département occupèrent peu l’attention. L’Assemblée nationale avait épuisé le pays de caractères et de talents. L’ostracisme
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