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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/215

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de l’homme du siècle. La ville de Paris, où il avait rendu le dernier soupir, revendiqua son droit de capitale, et adressa à l’Assemblée nationale une pétition pour demander que le corps de Voltaire lui fût rendu et fût déposé au Panthéon, cette cathédrale de la philosophie. L’Assemblée accueillit avec transport l’idée de cet hommage qui faisait remonter la liberté à sa source. « Le peuple lui doit son affranchissement, dit Regnault de Saint-Jean-d’Angély. En lui donnant la lumière, il lui a donné l’empire. On n’enchaîne les nations que dans les ténèbres. Quand la raison vient éclairer la honte de leurs fers, elles rougissent de les porter et elles les brisent. »

Le 11 juillet, le département et la municipalité allèrent en cérémonie à la barrière de Charenton recevoir le corps de Voltaire. On le déposa sur l’emplacement de la Bastille, comme le conquérant sous son trophée. On éleva le cercueil de l’exilé aux regards de la foule. On lui forma un piédestal avec des pierres arrachées aux fondements de cette forteresse des anciennes tyrannies. Voltaire mort triomphait ainsi des pierres qui l’avaient emprisonné vivant. On lisait sur une de ces pierres la réparation que le siècle faisait aux idées : Reçois en ce lieu, où t’enchaîna le despotisme, les honneurs que te décerne ta patrie.


IV

Le jour suivant, par un soleil éclatant, qui vint dissiper les nuages d’une nuit pluvieuse, un peuple innombrable