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ragés, repentants, ils n’avaient ni le génie de servir l’impulsion du peuple ni la puissance de lui résister. Barnave avait retrouvé sa vertu dans sa sensibilité ; mais la vertu qui vient tard est comme l’intelligence qui vient après coup, elle ne sert qu’à nous faire mesurer la profondeur de nos fautes. En révolution on ne se repent pas, on expie. Barnave, qui aurait pu sauver la monarchie s’il s’était joint à Mirabeau, allait commencer son expiation. Robespierre était à Barnave ce que Barnave avait été pour Mirabeau. Mais Robespierre, plus puissant que Barnave, au lieu d’agir au gré d’une passion mobile comme la jalousie, agissait sous l’impulsion d’une idée fixe et d’une implacable théorie. Barnave n’avait eu qu’une faction derrière lui ; Robespierre avait tout un peuple.


IX

Dès les premières séances, Barnave essaya de raffermir autour de la constitution l’opinion ébranlée par Robespierre et ses amis. Il le fit avec des ménagements qui attestaient déjà la faiblesse de sa situation sous le courage de ses paroles. « On attaque le travail de votre comité de constitution, dit-il. Il n’existe contre notre ouvrage que deux natures d’opposition : ceux qui, jusqu’à présent, se sont montrés constamment les ennemis de la Révolution ; les ennemis de l’égalité, qui détestent notre œuvre parce qu’elle est la condamnation de leur aristocratie. Une autre classe, cependant,