toyens, au péril de la sienne. La ville de Vendôme lui a décerné une couronne civique. Malheureux enfant ! sera-ce la dernière que ta race obtiendra ?… »
Les applaudissements dont ce discours fut constamment interrompu, et qui suivirent l’orateur longtemps après qu’il eut cessé de parler, prouvèrent que la pensée d’une dynastie révolutionnaire tentait déjà quelques âmes, et que s’il n’existait pas une faction d’Orléans, il ne manquait du moins qu’un chef pour la constituer. Robespierre, qui ne détestait pas moins une faction dynastique que la monarchie elle-même, vit avec terreur ce symptôme d’un pouvoir nouveau qui apparaissait dans l’éloignement. « Je remarque, répondit-il, qu’on s’occupe trop des individus, et pas assez de l’intérêt national. Il n’est pas vrai qu’on veuille dégrader les parents du roi. On ne veut pas les mettre au-dessous des autres citoyens ; on veut les séparer du peuple par une marque honorifique. À quoi bon leur chercher des titres ? Les parents du roi seront simplement les parents du roi. L’éclat du trône n’est pas dans ces vaniteuses dénominations. On ne peut pas impunément déclarer qu’il existe en France une famille quelconque au-dessus des autres ; elle serait à elle seule la noblesse. Cette famille resterait au milieu de nous comme la racine indestructible de cette noblesse que nous avons détruite : elle serait le germe d’une aristocratie nouvelle. » De violents murmures accueillirent ces protestations de Robespierre. Il fut obligé de s’interrompre et de s’excuser. « Je vois, dit-il en finissant, qu’il ne nous est plus permis de professer ici, sans être calomnié, les opinions que nos adversaires ont soutenues les premiers dans cette assemblée. »