ner. L’aristocratie élective des cardinaux, dont plusieurs étaient nommés par des puissances étrangères hostiles les unes aux autres, la monarchie élective d’un pape choisi à la vieillesse, et couronné à condition de mourir vite ; tel était le gouvernement temporel des États Romains. Ce gouvernement rassemblait en soi les faiblesses de l’anarchie et les vices de l’absolutisme. Il avait produit ce qu’il devait produire, l’asservissement de l’État, la mendicité du gouvernement, la misère des populations. Rome n’était plus que la grande municipalité catholique. Son gouvernement n’était plus qu’une république de diplomates. On y voyait un temple enrichi des offrandes du monde chrétien, un souverain et des ambassadeurs ; mais ni peuple, ni trésor, ni armée. C’était l’ombre vénérée de la monarchie universelle à laquelle les papes avaient prétendu, dans la jeunesse du catholicisme, et dont ils n’avaient gardé que la capitale et la cour.
VII
Venise touchait à sa décadence ; mais le silence et l’immobilité de son gouvernement lui cachaient à elle-même sa caducité. Ce gouvernement était une aristocratie souveraine fondée sur la corruption du peuple et sur la délation. Le nerf de ce gouvernement était l’espionnage ; son prestige, le mystère ; sa force, le supplice. Il vivait de terreur et de voluptés, régime bizarre et unique dans le monde.