Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/28

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décise entre la Révolution et la conservation aurait voulu que l’une conquît sans violences et que l’autre concédât sans ressentiment. C’étaient les philosophes de la Révolution. Mais ce n’était pas l’heure de la philosophie, c’était l’heure de la victoire. Les deux idées en présence voulaient des combattants et non des juges : elles écrasaient ces hommes en s’entre-choquant. Dénombrons les principaux chefs de ces divers partis, et faisons-les connaître avant de les voir agir.

Le roi Louis XVI n’avait alors que trente-sept ans ; ses traits étaient ceux de sa race, un peu alourdis par le sang allemand de sa mère, princesse de la maison de Saxe. De beaux yeux bleus largement ouverts, plus limpides qu’éblouissants, un front arrondi fuyant en arrière, un nez romain, mais dont les narines molles et lourdes altéraient un peu l’énergie de la forme aquiline, une bouche souriante et gracieuse dans l’expression, des lèvres épaisses mais bien découpées, une peau fine, une carnation riche et colorée quoique un peu flasque, la taille courte, le corps gras, l’attitude timide, la marche incertaine ; au repos, un balancement inquiet du corps portant alternativement sur une hanche et sur l’autre sans avancer, soit que ce mouvement fût contracté en lui par cette habitude d’impatience qui saisit les princes forcés à donner de longues audiences, soit que ce fût le signe physique du perpétuel balancement d’un esprit indécis ; dans la personne une expression de bonhomie peu royale qui prêtait autant au premier coup d’œil à la moquerie qu’à la vénération, et que ses ennemis travestirent avec une perversité impie, pour symboliser dans les traits du prince les vices qu’ils voulaient immoler dans la royauté ; en tout quelque ressemblance avec la phy-