politique, et que l’élévation de son génie servît à élever celui qu’elle préférait. Son sexe lui interdisait cette action directe, que la place publique, la tribune ou l’armée n’accordent qu’aux hommes dans les gouvernements de publicité. Elle devait rester invisible dans les événements qu’elle voulait diriger. Être la destinée voilée d’un grand homme, agir par sa main, grandir dans son sort, briller sous son nom, c’était la seule ambition qui lui fût permise ; ambition tendre et dévouée qui séduit la femme, comme elle suffit au génie désintéressé. Elle ne pouvait être d’un homme politique que sa conscience et son inspiration ; elle cherchait cet homme, son illusion lui fit croire qu’elle l’avait trouvé.
XX
Il y avait alors à Paris un jeune officier général d’une race illustre, d’une beauté séduisante, d’un esprit gracieux, flexible, étincelant. Bien qu’il portât le nom d’une des familles les plus accréditées à la cour, un nuage planait sur sa naissance : un sang royal coulait, dit-on, dans ses veines ; ses traits rappelaient ceux de Louis XV. La tendresse de Mesdames, tantes de Louis XVI, pour cet enfant élevé sous leurs yeux, attaché à leurs personnes, et porté par leur faveur aux plus hauts emplois de la cour et de l’armée, appuyait ce bruit.
Ce jeune homme était le comte Louis de Narbonne. Sorti de ce berceau, nourri dans cette cour, courtisan de nais-