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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/310

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celle de la loi et du peuple, dit-il ; ne laissons au roi d’autre titre que celui de roi des Français ! Faites retirer ce fauteuil scandaleux, ce siége doré qu’on lui a apporté la dernière fois qu’il a paru dans cette salle : qu’il s’honore de s’asseoir sur le simple fauteuil du président d’un grand peuple ; que le cérémonial entre lui et nous soit celui de l’égalité ; soyons debout et découverts quand il sera découvert et debout ; restons couverts et assis quand il s’assoira et se couvrira. — Le peuple, reprit Chabot, vous a envoyés ici pour faire respecter sa dignité. Souffrirez-vous que le roi vous dise : « Je viendrai à trois heures ? » comme si vous ne pouviez pas lever la séance sans l’attendre ! »

On décréta que chacun pourrait s’asseoir et se couvrir devant le roi. « Cet article, fit observer Garran de Coulon, pourrait établir une sorte de confusion dans l’Assemblée. Cette faculté laissée à tous donnerait aux uns l’occasion de montrer de la fierté, aux autres de l’idolâtrie. — Tant mieux, s’écria une voix, s’il y a des flatteurs, il faut les connaître. » On décréta aussi qu’il n’y aurait au bureau que deux fauteuils pareils placés sur la même ligne : un pour le président, un pour le roi ; enfin qu’on ne donnerait plus au roi d’autre titre que celui de roi des Français.


III

Ces décrets humilièrent le roi, consternèrent les constitutionnels, agitèrent le peuple. On avait espéré le rétablissement de l’harmonie entre les pouvoirs, elle se brisait au