de la liberté n’ont pas été des esclaves ! Avant de fixer les prérogatives de la royauté, ils ont établi les droits du peuple. C’est la nation qui est honorée dans la personne de son représentant héréditaire. C’est elle qui, après avoir créé la royauté, l’a revêtue d’un éclat qui remonte à sa source et rejaillit sur elle. »
Le président de la députation envoyée au roi, Ducastel, parla dans le même sens. Mais s’étant servi, par inadvertance, du mot de souverain en désignant le roi, et ayant ajouté que le pouvoir législatif résidait dans l’Assemblée et dans le roi, ce blasphème et cette hérésie involontaire excitèrent un terrible orage dans la salle. Tout mot malsonnant paraissait une intention contre-révolutionnaire. On était si près du régime aboli qu’on craignait d’y glisser à chaque pas. Le peuple était un affranchi d’hier que le moindre son de chaînes faisait tressaillir. Cependant le décret blessant pour la majesté royale fut rapporté. Cette rétractation fut accueillie avec transport par les royalistes et par la garde nationale. Les constitutionnels y virent l’augure d’une harmonie renaissante entre les pouvoirs de l’État. Le roi y vit un triomphe d’une fidélité mal éteinte, mais que toute tentative d’outrage contre sa personne ravivait dans les cœurs.
Ils se trompaient tous ; ce n’était qu’un mouvement de générosité succédant à un mouvement de rudesse : l’hésitation du peuple qui n’ose briser du premier coup ce qu’il a longtemps adoré.
Cependant les royalistes abusaient, dans leurs journaux, de ce retour à la modération : « La Révolution est lâche, s’écriaient-ils, c’est qu’elle se sent faible. Ce sentiment de sa faiblesse est une défaite anticipée. Voyez combien, en