comme sincèrement dévoués à ma personne ceux qui abandonnent leur patrie dans le moment où elle a le plus besoin de leurs services. Ceux-là seuls me sont attachés qui suivent mon exemple et qui se confédèrent avec moi pour opérer le salut public, et qui restent inséparables de la destinée de l’empire ! »
Enfin il ordonna au ministre des affaires étrangères, de Lessart, de publier la proclamation suivante adressée aux Français émigrés : « Le roi, y disait-il, informé qu’un grand nombre de Français émigrés se retirent sur les terres étrangères, ne peut voir sans en être affecté une émigration si considérable. Bien que la loi permette à tous les citoyens la libre sortie du royaume, le roi doit les éclairer sur leurs devoirs et sur les regrets qu’ils se préparent. S’ils croient me donner par là une preuve de leur affection, qu’ils se détrompent. Mes vrais amis sont ceux qui se réunissent à moi pour faire exécuter les lois, rétablir l’ordre et la paix dans le royaume. Quand j’ai accepté la constitution, j’ai voulu faire cesser les discordes civiles ; je devais croire que tous les Français seconderaient mes desseins. Cependant c’est à ce moment même que les émigrations se multiplient. Quelques-uns s’éloignent à cause des désordres qui ont menacé leurs propriétés et leur vie. Ne doit-on rien pardonner aux circonstances ? N’ai-je pas eu, moi-même, mes chagrins ? Et quand je les oublie, quelqu’un peut-il se souvenir de ses périls ? Comment l’ordre se fondera-t-il, si les intéressés à l’ordre l’abandonnent en s’abandonnant eux-mêmes ? Revenez dans le sein de votre patrie, venez donner aux lois l’appui des bons citoyens. Pensez aux chagrins que votre obstination donnerait au cœur du roi. Ils seraient pour lui les plus pénibles de tous. »