les tribunes. On vota l’envoi du procès-verbal de la séance à tous les départements. C’était élever législativement le pamphlet à la dignité d’acte public, et distribuer l’injure toute faite aux citoyens, pour qu’ils n’eussent qu’à la jeter aux pouvoirs publics. Le roi trembla devant le pamphlétaire ; il sentit par ce premier usage de sa prérogative bafouée que la constitution se briserait dans sa main chaque fois qu’il oserait s’en servir.
Le lendemain, le parti constitutionnel, plus en force à la séance, fit rapporter l’envoi aux départements. Brissot s’en indigna dans sa feuille, le Patriote français. C’était là et aux Jacobins, plus qu’à la tribune, qu’il donnait le mot d’ordre à son parti, et qu’il laissait échapper sa pensée républicaine. Brissot n’avait pas les proportions d’un orateur ; son esprit obstiné, sectaire et dogmatique, était plus propre à la conjuration qu’à l’action ; le feu de son âme était ardent, mais il était concentré. Il ne jetait ni ces lueurs ni ces flammes qui allument l’enthousiasme, cette explosion des idées. C’était la lampe de la Gironde, ce n’était ni sa torche ni son flambeau.
XXI
Les Jacobins, un moment appauvris par le grand nombre de leurs principaux membres élus à l’Assemblée législative, flottèrent quelque temps sans direction, comme une armée licenciée par la victoire. Le club des Feuillants, composé