trembler toujours et de périr enfin dans une émeute sous les piques des Jacobins. C’était de la politique chevaleresque et aventureuse, qui plaisait aux jeunes gens par l’héroïsme et aux femmes par le prestige. On y sentait la séve du courage français. M. de Narbonne la personnifiait dans le conseil. Ses collègues, M. de Lessart et M. Bertrand de Molleville, voyaient en lui le renversement de tous leurs plans. Le roi, comme toujours, flottait indécis : un pas en avant, un pas en arrière ; surpris dans l’hésitation par l’événement, situation la plus faible pour résister à un choc ou pour imprimer soi-même une impulsion.
Outre ces conseillers officiels, les constituants hors de fonctions, les Lameth, Duport, Barnave surtout, étaient consultés par le roi. Barnave était resté à Paris quelques mois après la dissolution de l’Assemblée constituante. Il rachetait par un dévouement sincère à la monarchie les coups qu’il lui avait portés. Son esprit avait mesuré la pente rapide où l’amour de la faveur publique l’avait entraîné. Comme Mirabeau, il avait voulu s’arrêter trop tard. Resté désormais sur le bord des événements, il était assiégé de terreurs et de remords. Si son cœur intrépide ne tremblait pas pour lui-même, l’attendrissement qu’il éprouvait pour la reine et pour la famille royale le portait à donner au roi des conseils qui n’ont qu’un tort : celui de ne pouvoir plus être suivis.
Ces conciliabules, qui se tenaient chez Adrien Duport, l’ami de Barnave et l’oracle de ce parti, ne servaient qu’à embarrasser l’esprit du roi d’un élément d’hésitation de plus. La Fayette et ses amis y joignaient alors leurs avis. Maître de l’opinion publique la veille, La Fayette ne pouvait se persuader qu’il était dépassé. La garde nationale,