ternisèrent avec eux, ils se popularisèrent auprès des noirs par cette même couleur dont ils avaient honte naguère auprès des blancs. Ils fomentèrent secrètement les germes de l’insurrection dans les conciliabules nocturnes des esclaves. Ils entretinrent des correspondances clandestines avec les amis des noirs à Paris. Ils répandirent avec profusion dans les cases les discours et les écrits qui enseignaient de Paris leurs devoirs aux colons, leurs droits imprescriptibles aux esclaves. Les droits de l’homme commentés par la vengeance devinrent le catéchisme des habitations.
Les blancs tremblèrent. La terreur les porta à la violence. Le sang du mulâtre Ogé et de ses complices, versé par M. de Blanchelande, gouverneur de Saint-Domingue, et par le conseil colonial, sema partout le désespoir et la conspiration.
IX
Ogé, député à Paris par les hommes de couleur pour faire valoir leurs droits auprès de l’Assemblée constituante, s’était lié avec Brissot, Raynal, Grégoire, et s’était affilié par eux à la Société des amis des noirs. Passé de là en Angleterre, il y connut le pieux philanthrope Clarkson. Clarkson et son ami plaidaient alors la cause de l’émancipation des noirs ; ils étaient les premiers apôtres de cette religion de l’humanité, qui ne croit pas pouvoir élever des mains pures vers Dieu, tant qu’il reste dans ces mains un bout de