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de là un détachement à Sainte-Menehould ; et de plus quarante hussards détachés de Varennes devaient se rendre à Pont-Sommevesle, entre Châlons et Sainte-Menehould, sous prétexte d’assurer le passage d’un trésor qui apportait de Paris la solde des troupes. Ainsi, une fois Châlons traversé, la voiture du roi devait trouver, de relais en relais, des escortes de troupes fidèles. Le commandant de ces détachements s’approcherait de la portière, au moment où l’on changerait de chevaux, pour recevoir les ordres que le roi jugerait à propos de donner. Si le roi voulait poursuivre sa route sans être reconnu, ces officiers se contenteraient d’assurer contre tout obstacle son passage aux relais, et ils se replieraient lentement derrière lui par la même route ; si le roi voulait être escorté, ils feraient monter leurs dragons à cheval et l’escorteraient. Rien ne pouvait être plus sagement combiné, et le secret le plus étroit couvrait ces combinaisons.

Le 27 mai, le roi écrivit qu’il partirait le 19 du mois suivant, entre minuit et une heure du matin ; qu’il sortirait de Paris dans une voiture bourgeoise ; qu’à Bondy, première poste après Paris, il prendrait sa berline ; qu’un de ses gardes du corps, destiné à lui servir de courrier, l’attendrait à Bondy ; que, dans le cas où le roi n’y serait pas arrivé à deux heures, ce serait le signe qu’il aurait été arrêté ; qu’alors ce courrier partirait seul et irait jusqu’à Pont-Sommevesle annoncer à M. de Bouillé que le coup était manqué, et prévenir ce général de pourvoir à sa propre sûreté et à celle des officiers compromis.