Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/10

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de l’autre côté, on croit reconnaître sur un flanc de la vallée ce qui manque à l’autre flanc. Ces deux montagnes, pareilles à deux longs murs de forteresse précédés, soutenus et flanqués seulement de leurs bastions, ne laissent, du levant au couchant, passage à aucune vallée transversale. Au midi même, elle est fermée complètement par un plateau très-élevé du sol qui ne laisse voir au-dessus de l’horizon que les cônes et les coupoles sombres des crêtes lointaines du Forez. On commence par y marcher au bord de prés étroits où la rivière se glisse à peine sous les aulnes et sous les noisetiers. On respire l’humide fraîcheur des ravins fermés à l’air ambiant des grandes ouvertures. On n’a à sa gauche que des éboulements sablonneux de granit rose pourri et pulvérisé par le temps, à sa droite que des branchages d’arbres aquatiques où les merles empiégent leurs ailes en se levant au bruit du pas du cheval, devant soi que les sinuosités de plus en plus rétrécies du sentier qui semble ne pas savoir où il vous mène. Comme un serpent qui cherche, en rampant entre les herbes, sa route vers le soleil, il se plie à toutes les sinuosités et à toutes les ondulations du terrain.