Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/120

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l’étable. Vous me direz : Pourquoi n’avez-vous pas relevé la maison et couchez-vous dans l’appentis, qui est humide et obscur comme une cave ? Je vais vous l’avouer, monsieur c’est que pour rebâtir la chambre sur le rocher, pour relever les murs, pour refaire le plancher et le toit, il aurait fallu couper et arracher le lierre qui s’est mêlé, depuis le malheur de notre famille, avec les pierres, les solives, les poutres, et qui a repris son bien où il l’a trouvé. Ce beau lierre, quand je l’ai revu comme ça, à mon retour, m’a fait l’effet d’un manteau que l’amitié de la steppe avait jeté sur la ruine de notre bonheur. J’ai dit : Je ne te toucherai ; pas il y a assez de place pour nous deux maintenant sur cette roche. Garde le dessus, je prendrai le dessous, et les merles nicheront et siffleront en paix dans tes grappes. Voila, monsieur ; je vous le dis bêtement tel que l’ai pensé. Un pauvre homme seul, voyez-vous, ça s’attache à tout, et ça aime tout ce qui vous aime.

III.

Mon père s’appelait Benoît la Hutte ; ma mère, je n’ai jamais su son nom de maison : on l’appelait la