Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/128

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avec son ciseau et son maillet. Je taillais aussi des bancs de pierre pour asseoir les vieilles femmes et les enfants à côté des portes dans tes hameaux, et j’y mettais le nom du père de famille, ou bien des auges de grès pour faire boire le bétail auprès des fontaines, et j’y dessinais une tête de bœuf, avec ses gros yeux et ses cornes, qui semblait sortir de l’auge après avoir bu.

Tout cela m’avait fait une petite renommée dans la montagne, monsieur, et, bien que je n’eusse que dix-sept ans, j’aurais gagné aisément ma vie rien qu’à la pierre. Mais, dans les moments des semailles, de fauchaison, de battage des orges, je remontais et je faisais encore tous les gros ouvrages avec ma mère et avec Denise.

VII.

C’étaient là mes jours de fête, à moi, j’aimais tant ma mère, tant mon pauvre frère aveugle, j’aimais tant aussi Denise Et qui est-ce qui ne l’aurait pas aimée, monsieur ? Elle était comme le troisième enfant de la maison, comme la fille obéissante de ma