Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/134

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chanvre à courtes manches relevées jusqu’aux coudes, bouffante sur sa poitrine et attachée sous le menton par deux cordons noués sur le sein ; ses cheveux pendants tantôt sur une épaule, tantôt sur l’autre ; ses pieds nus, quelquefois roses de froid, souvent poudrés de sable et toujours lavés de la rosée des herbes ; ses yeux baissés avec l’ombre de ses longs cils sur la peau ; le visage sérieux, mais les lèvres toujours prêtes à s’ouvrir pour faire reluire ses belles dents, petites, blanches et rangées comme les premières dents des chevreaux. Tantôt le manche d’une pioche sur l’épaule, tantôt un pot de grès sur la tête, rapportant le lait de chèvre à la maison tantôt les deux bras tendus et relevés au-dessus de sa tête pour soutenir une gerbe d’herbe plus grosse qu’elle, qu’elle venait de sarcler dans le blé et dans les vignes les fleurs jaunes, rouges ou bleues, les filaments échappés aux liens lui tombaient sur le front, en lui cachant jusqu’aux yeux. Tantôt un genou en terre devant la maison, trayant les brebis d’une main, pendant que de l’autre elle leur faisait lécher du sel pour les amuser ; enfin, quelque chose qu’elle fît, on ne pouvait pas en ôter ses yeux. Mais quand je l’aimais encore le mieux, monsieur,