Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/136

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sage pâle, ses joues devenaient toutes roses et toutes transparentes, et qu’on voyait la flamme à travers, tellement qu’on croyait s’y chauffer les yeux comme à un charbon.

Et ce qui plaisait en elle, monsieur, ce n’était pas tant cette bonne grâce reluisant dans toute sa figure et dans tout son corps, que sa douceur, son obéissance, sa complaisance envers tout le monde, et sa timidité, qui la rendait l’esclave volontaire de tous ceux qui avaient un service à lui demander dans la maison ou dans le champ. Nous l’aimions tous, monsieur, mais les bêtes l’aimaient au moins autant que nous.

Il fallait voir, quand elle ouvrait la porte le matin pour aller à la fontaine, les poules, les pigeons, jusqu’aux moineaux et aux hirondelles, se réjouir, secouer leurs plumes, s’élancer les uns du toit, les autres des branches des arbres, ceux-ci du perchoir, ceux-là du colombier, pour voler autour d’elle, comme s’ils n’avaient reconnu le jour qu’en la voyant. Il fallait voir surtout les moutons et les chèvres, les agneaux et les chevreaux sortir de l’étable quand elle levait le loquet, enfoncer leurs têtes et leurs cornes dans son tablier, se dresser tout droits contre