Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/155

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familiarité pour moi que pour le reste de la famille. Elle évitait comme naturellement de se trouver seule avec moi. Malgré cela, monsieur, on voyait bien que cet embarras d’une belle jeune fille qui commençait à se craindre n’était pas de la mauvaise humeur, au contraire. Gratien disait qu’elle était bien plus joyeuse et bien plus complaisante le dimanche que les autres jours, et qu’il connaissait à sa voix quand c’était le jour où je devais remonter.

IV.

Voilà comment nous passions le temps, monsieur. Depuis la Saint-Jean, j’avais fait un découvert, comme on dit, entre les derniers hameaux et les Huttes, tout en bas du sentier des bruyères. C’était une ancienne carrière abandonnée de fin grès de meules, tendre comme le beurre, franc comme l’or, retentissant comme la cloche sous le pic. Quand je n’étais pas pressé, par l’ouvrage pour la bâtisse dans les hameaux, je revenais à ma carrière ; j’y creusais toujours, toujours davantage, pour trouver les meilleures veines de pierres. Je roulais les débris dans