Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/174

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de velours noir, qu’elle ne mettait que les dimanches ordinairement, et au bout duquel pendait sur sa gorge un petit crucifix de laiton doré, qu’elle avait eu de sa mère après sa mort. Elle prit le crucifix dans ses deux mains, et, le tendant vers moi sans lever encore la tête : « Puisque vous partez des Huttes, Claude, me dit-elle d’une voix qui tremblait sur ses lèvres pâles, faites-moi la complaisance d’emporter sur vous, pour l’amour de moi, ce petit cadeau que je vous fais, et de penser a moi quelquefois quand vous le retrouverez dans le fond de votre sac en faisant votre paquet pour aller et venir. Vous ne m’aimez pas comme les autres dans la maison. Il y a longtemps que je le sais, mais c’est égal, Claude, je ne vous en veux pas, allez, pour tout cela, et je voudrais vous porter bonheur tout de même avec ce que j’ai de plus précieux sur moi. J’ai bien encore quelques liards dans la bourse de cuir de mon père, avec sa tasse d’argent, pour goûter le vin dans les pressoirs. Tenez, dit-elle en faisant glisser la bourse de cuir de ses mains dans ma poche de veste avec le collier et le crucifix, je vous en prie bien, Claude, emportez aussi cela pour l’amour de Dieu ! »