Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la poussière que faisait voler mon ciseau. Je regardais toujours si le soleil ne se couchait pas, pour avoir le droit de quitter le travail et de remonter la revoir aux Huttes. Il me semblait que le bon Dieu l’avait cloué au milieu du ciel et qu’il ne redescendrait plus jamais du côté du château.

II.

Quand je revins à la hutte le soir, ma mère avait raconté à mon frère Gratien et à ma petite sœur Annette qu’elle voulait nous fiancer dans cinq semaines, Denise et moi, pour que nous réunissions les deux moitiés du champ des genêts, de l’enclos des pierres, et les gros châtaigniers dont la moitié des fruits appartenait au coquetier et l’autre à nous, selon que la branche pendait du côté de sa steppe ou de la nôtre ; ce qui occasionnait des paroles entre les deux branches de la famille. « Et puis, mon pauvre enfant, avait ajouté la mère, c’est aussi pour toi, vois-tu, que je désire ces fiançailles ; car une fois Denise mariée à la maison, elle ne risquera plus d’être demandée, comme elle l’a été déjà, par des