Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/190

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nous savait, parce qu’il voyait bien, sans que nous le lui disions, que nous aimions mieux être deux que trois, et aussi parce que nous parlions plus bas quand il était à côté de nous. Nous lui disions bien toujours quelques bonnes paroles en allant et en revenant, et il nous répondait bien avec amitié et avec douceur ; mais c’est égal, il voyait confusément, pour la première fois, qu’il était de trop pour Denise.

VIII.

Il parlait tant qu’il pouvait à Annette, qu’il essayait du moins de retenir ainsi autour de lui.

Et c’est par elle que nous avons su ce qu’il disait : — « Reste avec moi, lui disait-il, ma petite Annette ; tu vois bien que Denise n’a pas besoin maintenant ni de toi ni de moi. Elle n’est plus comme autrefois ; nous ne sommes plus, ni toi ni moi, assez bons pour elle. Il faut qu’elle soit toujours à la carrière, toujours aux noisetiers, toujours au ruisseau avec Claude. C’est bien juste, vois-tu. Ils s’aiment, ils sont fiancés, ils vont se marier, ils ont bien d’autres soucis à présent que de penser à nous autres. »