Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/21

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crêtes, presque nues ou seulement crénelées de quelques troncs de houx et de quelques torches d’épines se perdent dans le bleu du ciel ou dans les brumes flottantes des hautes cimes. Ces brumes, en voilant toujours les limites indécises de la terre et du ciel, font présumer aux regards des élévations infinies où la pensée aime à s’égarer. Le brouillard est aux montagnes ce que l’illusion est au sentiment il les agrandit. C’est le mystère qui plane sur tout ici-bas et qui solennise tout aux yeux comme au cœur.

X.

Telle est la vue qu’on a de la galerie de Saint-Point du côté du matin. Du côté du soir, ce sont des pentes moins inclinées, des rentrées et des saillies de la colline plus douces, des hameaux plus rapprochés et plus assis sur des plateaux de pelouses vertes, des bois plus uniformes et plus sombres étendus sur de plus molles déclivités. Les grandes ombres qui s’y déploient de bonne heure au soleil couchant les rendent encore plus veloutés à l’œil. Le caractère sauvage y fait place au caractère boca-