Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/222

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vivait encore, avec les vers de terre pour compagnie. Je me serais jeté dans la première carrière que j’aurais rencontrée, pour écraser ma pensée avec ma tête contre les pointes du rocher. Mais, grâce à ce sentiment de la présence de Dieu et à son bruit sourd, mais clair, que j’entendais, surtout quand je n’avais rien à faire, que je rentrais au logement ou que je couchais au chantier sous l’appentis ; grâce à cette bonté qu’il avait et qu’il a toujours eue de me dire quelques paroles douces au cœur, je me suis toujours consolé. L’homme est comme un enfant qu’on berce en chantant avec des paroles qu’il ne comprend pas, et qui sourit après avoir pleuré. N’est-il pas vrai, monsieur ? J’étais comme cela. Je n’ai jamais su ce que le bon Dieu me disait ; mais, rien que de l’entendre de si loin, ça me soulageait, ça me soutenait, ça me faisait patienter et espérer. Il paraît, monsieur, que la moindre parole de là haut dans nous, cela répand, rien que par l’écho de notre poitrine, bien du jour, bien de la compréhension, bien de la croyance et bien de la paix dans notre imbécillité, dans notre brouillard et dans notre trouble. Cela doit être, je pense ; car cette parole qui a fait tout le monde en appelant seulement toutes les