Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/231

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ne récitiez-vous pas aussi un acte de foi en lui, un Credo, comme on dit en latin à l’église ? Et quel était ce Credo, que vous vous étiez sans doute fait à vous-même par votre perpétuelle adoration ?

Lui. — Oh ! monsieur, mon Credo, il n’était pas long ! Il consistait en peu de paroles : « Vous êtes avant tout, vous êtes partout et vous serez après tout. Je sors de vous, je serai appelé à vous, je ne puis rien savoir hors de vous. Je désire croire de vous ce qu’il vous plaira de m’en faire connaître, je ne puis pas avoir le regard plus long que les yeux. C’est à vous d’y peindre votre image comme vous voulez que je l’adore ! Mon esprit est petit ; j’aurai beau l’étendre, vous le déborderez toujours ! Faites-moi croire vous-même ce que vous voudrez ! La bête du bon Dieu que vous voyez là, et qui s’épanouit des ailes sur cette mousse, ne peut pas faire son Credo au soleil elle ne peut pas lui dire : Tes rayons sont ceci ou cela ; mais elle lui dit : Je sens que tu me chauffes et je te bénis ! J’étais aussi simple que cette bête du bon Dieu, monsieur, et mon Credo était, je pense, à proportion de l’homme à l’insecte, comme le sien. »