Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/239

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plus fondu, éclaire le soir et le matin la plaine encore sombre du plat pays.

Mais il y avait surtout un petit livre dont les pages étaient toutes recoquillées et toutes déchirées à force d’avoir été lues et relues par ce vieillard, et dans lequel il me lisait toujours pour finir des sermons si doux qu’il semblait que c’était un frère aîné qui parlait à ses petits frères, et des paraboles si simples, si près de terre, qu’il semblait que c’était une mère qui baissait la branche pour faire cueillir des noisettes à son enfant ! C’était le Nouveau-Testament, monsieur, que j’ai bien connu et bien mieux pratiqué encore depuis que j’en ai entendu réciter des pages et tirer des leçons de bonne conduite dans les paroisses.

Ah ! que j’aimais cet homme divin, monsieur, qui venait se mêler tout petit au pauvre monde, ne rejeter personne, causer avec les pêcheurs et les jardiniers, tout comme avec les savants pardonner au nom de Dieu aux femmes méprisées, mais repentantes, jouer avec les petits enfants, enseigner infatigablement son peuple, se sacrifier à la vengeance des prêtres juifs qui le persécutaient parce qu’ils étaient l’ombre et qu’il était