Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/319

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card dans sa cabane, et un jour l’un, un jour l’autre, on y montait pour lui porter son pain et pour le retourner sur sa paille. Il n’aurait manqué de rien s’il avait voulu ; mais il avait si peur de faire tort au monde et de prendre quelque chose qui ne lui était pas dû, qu’il ne recevait absolument que son morceau de pain juste pour lui et pour son chien. Et quand on voulait lui faire accepter autre chose, comme un peu de viande ou un peu de bouillon pour le soutenir, ou une goutte de vin pour l’égayer, il disait : Non, je n’ai pas gagné cela de vous, je n’en veux pas ; je ferais tort à vos enfants. Enfin, il n’y avait ni raisons ni prières qui fissent ; il fallait tout remporter.

Un jour qu’il paraissait plus faible que de coutume, nous y allâmes, ma femme et moi, et nous lui portâmes une écuelle de bouillon de poulet que nous avions tué pour lui, et je lui dis : Prends, Claude. Nnous avons tué notre nourrin, et nous en avons fait la soupe.

— Oh ! que non, nous dit-il en regardant l’écuelle ; ce n’est pas là du bouillon de nourrin, vous avez tué une poule pour me régaler ; mais je ne