Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/35

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compas et les manches de ses trois marteaux. Ce pantalon ne descendait qu’aux chevilles du pied. Un long tablier de peau de chèvre flottait et bruissait à chaque pas sur ses genoux. Il marchait avec la cadence lente et mesurée d’un homme qui pense en marchant, et dont la symétrie intérieure, ce balancier du pendule humain, règle instinctivement les mouvements du corps. Tel était l’extérieur du tailleur de pierre.

III.

Mais sous cet extérieur grossier et sous ces habits rustiques éclatait néanmoins dans la tête nue de cet homme une empreinte, je ne dirai pas seulement de dignité, mais d’une sorte de divinité de visage humain, qui imposait à l’œil et qui faisait rentrer toute idée de vulgarité et de dédain dans l’âme. La ligne de son front était aussi élevée, aussi droite, aussi pure d’inflexions et de dépressions ignobles que les lignes du front de Platon dans ses bustes reluisants au soleil de l’Attique. Les muscles amaigris, creusés, palpitants des orbites de ses yeux, de ses tempes, de ses joues, de ses lèvres, de son menton, avaient