Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/41

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vaille pour les messieurs, les pauvres n’auront plus personne qui travaille pour eux ; l’hiver viendra, les granges ne seront pas réparées, les étables ne seront pas closes, le grain souffrira, le bétail périra, les enfants crieront le froid dans les cabanes. Ce sera ma faute. Dieu m’en demandera compte. Le château trouvera bien toujours des ouvriers pour de l’argent, l’ouvrage du maître du jardin n’est pas pressé, les pierres se détachent, mais elles ne souffrent pas. Allons-nous-en ! — Ou bien quelque chose comme cela, que sais-je, moi ? On ne peut pas entendre ce que la tête de l’homme lui dit tout bas, n’est-il pas vrai ? Et il sera parti avec ses outils. Si monsieur le désire, j’irai encore une fois là-haut pour lui parler et pour le reprier de descendre. »

— Non, dis-je au vieillard, j’irai moi-même ; montrez-moi seulement du doigt sa demeure.

Le vieillard tendit la main en élevant le bras vers le plus haut sommet de la chaîne des montagnes du levant ; il me fit remarquer presque à l’extrémité du faîte, à droite d’un bouquet de huit ou dix grands châtaigniers, à gauche d’une roche grise qui fumait