Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/73

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par les bruits du monde et entraîné dans le courant des plus petites pensées. En un mot, il faut être doué d’un sens particulier, d’un sens qui est commun à tous les hommes, mais qui n’est pas développé chez tous dans la même mesure, d’un sens plus intellectuel et plus divin que tous nos autres sens, le sens de l’infini, le sens de Dieu autrement dit, mon pauvre Claude ! Il paraît que vous avez à un degré supérieur ce sens de Dieu, le don des dons, la souveraine intelligence chez le savant et chez l’ignorant, la souveraine richesse chez le riche ou chez le pauvre, la souveraine félicité chez l’homme heureux ou chez l’homme malheureux. Je m’en suis douté en vous voyant et en entendant parler de vous l’autre jour. Je parais au monde plus instruit et plus grand que vous ; mais je vous respecte, je vous envie et je vous admire, et c’est pour entendre ce sens supérieur par la bouche d’un simple artisan que je me suis dit : Montons là-haut ! Dieu se révèle dans les buissons de feu quelquefois ; on trouve toujours plus de paix, plus de lumière et plus de sérénité à mesure qu’on s’éloigne des vallées où fourmillent les hommes, et qu’on s’élève sur les hauteurs où cesse leur bruit.