Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/76

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Moi. — Et de quoi vous parle plus ordinairement ce murmure intérieur qui vous entretient ainsi quand vous êtes seul ?

Lui. — Nous nous parlons de tout ce je que vois sur terre, monsieur, et la-haut, ajouta-t-il en montrant du geste le champ des étoiles sur nos têtes, nous nous parlons surtout de lui.

Moi. — Qui, lui ?

Lui. — Le bon Dieu, monsieur.

Moi. — Mais si vous n’avez jamais été à l’école ni au catéchisme, qu’on n’enseignait pas dans votre enfance, ni rien lu dans les livres où l’on parle de Dieu, comment savez-vous-qu’il existe seulement un Dieu ?

Lui. — Ah monsieur, d’abord notre mère nous l’a bien dit, et puis après, quand j’ai été grand, j’ai bien connu de bonnes âmes qui m’ont conduit dans les églises où l’on se rassemble pour l’adorer et le servir en commun, et pour écouter les paroles qu’il a chargé ses saints de révéler aux hommes en son nom. Mais, quand même ma mère ne